Pas d’intéressement 2021

La Cfdt ne signe pas l’accord d’intéressement 2021-2022 de l’UES OBS

A la date limite légale du 30 juin, deux Organisations Syndicales (OS) ont refusé de signer l’inacceptable dernière proposition d’accord d’intéressement triennal 2021-2023. Seule, la CFE-CGC, minoritaire, a accepté d’apposer sa signature à la proposition qu’imposait la Direction. L’accord, rejeté par la majorité des OS, sera soumis à un référendum salarié début septembre suite à la demande de la seule Organisation Syndicale signataire.

Les salariés de l’UES OBS auraient autant de chance d’avoir de l’intéressement en 2022 que l’âne cette carotte.

Une proposition inacceptable en 3 points

  1. Le nouveau dogme imposé par la Direction est : « sans profitabilité, pas d’intéressement ». Dans ces conditions, l’intéressement proposé est soumis à un nouveau seuil de déclenchement qui impose un 0€ à chaque entreprise qui ne dépassent pas 60% des objectifs de profitabilité… et ceci pour les 3 prochaines années.

Après une analyse détaillée faite par la Cfdt, les risques sont beaucoup trop grands de ne pas toucher d’intéressement sur les 3 prochaines années…

  1. La « profitabilité à tout prix » a également impacté le calcul de l’intéressement qui porte principalement sur des indicateurs plus difficiles à atteindre (le poids de la profitabilité est ainsi passé à 1,2% sur 2% du total maximum).

Pour la Cfdt, la prime d’intéressement serait ainsi divisée par deux comparée aux années précédentes (cette prime étant maintenant de fait conditionnée par le déclenchement de l’intéressement)…

  1. La Direction a constamment distillé, en filigrane des négociations, que l’ORP de fin d’année compenserait largement les pertes liées à l’intéressement.

Cette position ambiguë et cet aveu de la Direction montre bien que l’accord est bien trop moins-disant.
Il est aussi stupéfiant de constater que la Direction soit capable de faire un amalgame entre une opération ponctuelle ouverte uniquement aux investisseurs volontaires avec celle d’une distribution collective annuelle…

Et si l’on appliquait l’accord aux 3 dernières années ?

La Cfdt à cherché à analyser l’impact de l’application de la dernière proposition d’accord sur 3 dernières années. La démonstration est saisissante – le solde de l’intéressement aurait été de 0€ pour chacune de ces années…

Il est vrai que les résultats de profitabilité sont médiocres ces derniers temps et s’annoncent incertains pour l’avenir :

  • 2018 : 53% de l’objectif de profitabilité pour OBS SA (soit moins que 60%),
  • 2019 : -70% de l’objectif de profitabilité pour OBS SA (soit 14 millions d’€ de perte),
  • 2020 : –87% de l’objectif de profitabilité pour OBS SA (soit 64 millions d’€ de perte),

Voici la synthèse de l’intéressement pour ces trois dernières années – soit un intéressement moyen de 700€ ou 800€.

Consultez la proposition Cfdt 2021-2023 si vous souhaitez mieux comprendre le fonctionnement de l’intéressement.

Voici la projection de la dernière proposition d’accord d’intéressement sur la même période soit 0€ chaque année !!!

Cette mise en situation confirme les effets dévastateurs du nouveau seuil de déclenchement imposé.
Il était, de ce fait, impensable pour la Cfdt de signer en l’état un accord d’intéressement si défavorable et engageant pour les 3 prochaines années.

Pour précision : les 3 indicateurs proposés pour calculer le montant de la masse salariale étaient :

  • P1 – La profitabilité basée sur EBITDAal : pour 1,2% de la masse salariale (même support que l’ancien accord),
  • P2 – Le chiffre d’affaire service : pour 0,4% de la masse salariale,
  • P3 – Le poids de la RSE : pour 0,4% de la masse salariale.

La Cfdt, 1ère organisation syndicale du privé, refuse la spirale négative engagée par la Direction qui tire toutes les négociations vers le bas. Il faut savoir dire stop et mettre la pression sur la Direction qui enrage de n’avoir pas su concrétiser cette négociation.

Un dialogue social en berne – Une écoute absente

La Cfdt estime avoir joué franc jeu pendant toutes les négociations qui ont débuté le 8 avril 2021 :

Dès la troisième réunion de négociation de fin mai, la Cfdt a proposé un nouveau mode de calcul de l’intéressement, certes un peu iconoclaste mais en parfaite adéquation avec les ambitions de la Direction. Le refus tardif de la Direction et des autres OS a fait capoter cette proposition avec des arguments bien plus iconoclastes :

  • La Direction indiquant que les autres OS ne comprendraient pas,
  • Les autres OS indiquant que la Direction ne comprendrait pas

Dans la dernière ligne droite, et pour sauver un accord, la Cfdt a fait une nouvelle proposition :

  • Que les seuils de déclenchement soient connus pour les 3 prochaines années et ne dépendent pas d’objectifs définis chaque année (trop souvent inatteignables et jamais vraiment négociables).

Dès le début des négociations, la Direction a choisi de définir des objectifs de profitabilité cible différentiés très ambitieux. Ces objectifs tenaient compte des différents modèles économiques des entités juridiques pour rejoindre à marche forcé la profitabilité de nos concurrents ESN :

  • Un EBITDAal cible à 8% du chiffre d’affaire en 2024 pour OBS SA (avec pour point de départ 1,1%),
  • Un EBITDAal cible à 10% du chiffre d’affaire en 2024 pour OCD SAS (avec pour point de départ 4,9%),
  • Un EBITDAal cible à 12% du chiffre d’affaire en 2024 pour Enovacom SASU (avec pour point de départ 4,9%).

La Cfdt a demandé à ce que les seuils de déclenchement pour les années 2021, 2022 et 2023 soient positionnés à 70% des objectifs de passages annuels :

Comme le démontre cette présentation chiffrée, la Direction s’est montrée incapable de se projeter au-delà de la première année… Elle n’a rien trouvé de mieux que de proposer des seuils de déclenchement quasi-alignés sur les objectifs de 2022 et de 2023.

Les seuils imposés sont bien trop exigeants et seraient presque à coup sûr non-passants chaque année…
Il est stupéfiant de la part de la Direction de discréditer à ce point une solution de sortie honorable pour tous.

Toujours pour sauver un accord, la Cfdt a fait une ultime proposition :

  • Que si le seuil de déclenchement n’était pas atteint les deux premières années pour une entité, le seuil deviendrait passant pour la dernière année.

L’ultime proposition de la Cfdt avait pour seul objectif d’éviter le 0€ de prime d’intéressement pour les trois prochaines années (une maigre consolation allez-vous dire).

Inflexible, la Direction a refusé cette proposition du désespoir, cette main tendue qui ne coûtait que 0,8% de la masse salariale d’une année étalée sur trois ans (bien loin des 1,4% de 2020)…
La Direction accepte ainsi, implicitement, qu’il n’y aura pas d’intéressement pendant 3 ans.

La Cfdt est très inquiète pour la Division OBS – Par ces deux refus, la Direction ne semble plus en mesure de proposer des conditions permettant de distribuer d’intéressement sur le long terme

Un constat d’échec

La Cfdt regrette profondément ce constat d’échec qui entraîne :

  • L’absence d’intéressement en 2022 sur les résultats 2021.
  • Un levier en moins pour faciliter l’accès à l’abondement.

La Cfdt reste malgré tout l’organisation syndicale la plus active dans ces négociations. Elle est à l’origine des avancées suivantes :

  • Le gain de +0,2% de la masse salariale supplémentaire en cas de déclenchement de l’indicateur de profitabilité.
  • La mise en place d’un critère RSE compréhensible (celui retenu est celui revendiqué par la Cfdt) – Le passage du visa RSE Orange permet ainsi d’impliquer chaque salarié dans une réussite collective environnementale.
  • Le déploiement d’objectifs de profitabilité différentiés suivant les entités – Cette stratégie permet ainsi de ne pas pénaliser la réussite de certaines entités plus profitables qu’OBS SA.

Les perspectives ne sont pour autant pas sombres :

  • La Direction s’est engagée à négocier un accord d’intéressement pour la période 2022-2024 (décalé d’un an).

La décision forte de non signature cette année donne un poids beaucoup plus important aux organisations syndicales pour les prochaines négociations de 2022 qui définiront le nouvel accord triennal.

  • Pour compenser la perte d’une somme défiscalisée, la Cfdt demande la réévaluation de l’abondement sur versement volontaire en 2022.

L’abondement sur versements volontaires sur les actions Orange du PEG est négocié tous les ans lors des NAO centrales de l’UES OBS qu’il y ait ou non signature d’un accord d’intéressement :

    • L’abondement 2021 était de 450€ obtenus pour 550€ placés – à l’initiative de la Cfdt,
    • 60% des salariés (souvent les plus aisés) ont ainsi perçu les 450€ d’abondement maximum en 2021.
  • L’absence d’intéressement en 2022 faisant perdre un fort pouvoir d’attractivité à l’entreprise, la Direction s’est engagée à réaliser une revalorisation du montant des NAO en 2022.

La Direction a annoncé que les chiffres 2021 sont meilleurs et qu’il y aura de l’argent à distribuer. La Cfdt  prend au mot la Direction et attend des NAO conséquentes en 2022 sur tous les périmètres de l’UES OBS.
La Cfdt estime, par ailleurs, qu’une augmentation est toujours plus profitable qu’une prime.

Déloyauté des négociations et difficultés pour la Direction

La Cfdt remet sérieusement en doute la loyauté et l’honnêteté de ces négociations.

  • Il complètement inacceptable que la Direction ait utilisé les dernières 48 heures avant la date limite de signature du 30 juin pour dévoiler les prévisions chiffrées attendues depuis plus de deux semaines par la Cfdt. Ces prévisions de profitabilités étaient pourtant la clé de l’accord d’intéressement
  • A force de “jouer la montre”, la Direction s’est trouvée prise à son propre piège. Elle tentait encore vers 21h30 un certain 30 juin d’arracher la signature de la Cfdt dans un contexte surréaliste en décalage complet avec les standards d’une négociation…

Masquer l’échec et faire avaler la pilule

  • La Direction s’est bien gardée, dans ses présentations faites aux salariés, de parler des effets dévastateurs du seuil de déclenchement que la Cfdt avait pointé du doigt tout au long des négociations.
  • Comme à son habitude, la Direction préfère faire un résumé édulcoré et très optimiste de l’accord en oubliant très largement de parler des choses qui fâchent.
  • La Direction n’avouera jamais vouloir imposer un accord d’intéressement “vitrine” permettant de faciliter les recrutements, tout en proposant un accord à tiroir dont la clé de la redistribution semble bien rouillée.

Ne pas accepter de signer l’accord d’intéressement était la seule chose à faire…

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